Réflexions sur l’Estime de Soi

De la préoccupation de soi à l’oubli de soi...pour une saine estime de soi.

L’estime de soi est une notion cruciale en psychothérapie et plus largement dans le domaine de la santé mentale et la garante d’un bien être durable.

On définit l’estime de soi comme l’évaluation subjective et globale de sa valeur en tant que personne. Le mot “subjectif” est primordial : c’est ainsi qu’à trajectoire de vie égale, certains éprouvent un sentiment de satisfaction quand d’autres se dévalorisent.

L’estime de soi c’est donc la façon dont on se voit, comment on se juge et comment on se traite.

Que voit-on de nous ? Nos qualités et défauts, nos capacités et compétences, nos forces et limites ; de ce bilan plus ou moins favorable va découler un premier sentiment sur sa personne.

Que jugeons-nous ? Le bilan n’est pas objectif mais affectif ; nous allons éprouver de la satisfaction ou de la déception (de soi), de la fierté ou de la honte.

De là découle la manière dont on se traite : on se dévalorise, on se critique ou on fait preuve de bienveillance envers soi.

L’estime de soi est un concept à la frontière, des autres à moi... L’estime de soi est un sociomètre : il nous informe sur notre popularité supposée ; plus nous nous sentons acceptés, appréciés par les autres, plus notre estime de nous-même augmente et inversement.

L’estime de soi a une fonction centrale car elle joue un rôle majeur dans la plupart des domaines de notre vie : qualité des relations sociales, équilibre émotionnel, engagement dans l’action, réussite scolaire et professionnelle, santé mentale et physique, vision du monde, bien être général. Et dans beaucoup de nos souffrances (troubles anxieux/dépressifs, troubles de personnalité).

Comment améliorer son estime de soi ?

En thérapie, dans un premier temps le patient prend conscience de la fragilité de son estime de soi.

Puis j’explique comment l’estime de soi se construit et nous cherchons à comprendre quelle est l’origine de et ce qui explique sa faible estime de soi. Ensuite nous évaluons ce qui nuit à l’estime de soi et ce qui la renforce (en terme cognitif et comportemental). Nous repérons les pensées dévalorisantes du “critique intérieur” et le patient apprend à les remettre en question et à les remplacer par des pensées plus objectives.

Nous travaillons à mettre en lumière les qualités, capacités, compétences, réussites du patient car la faible estime de soi entraine une vision de soi biaisée (partielle et uniquement négative).

On peut également identifier certains biais cognitifs qui amènent le patient à minimiser sa responsabilité lors d’une réussite par exemple ou à penser en termes de généralisation (jamais, toujours). Ceci afin de se reconnaitre dans sa globalité et d’avoir une vision plus juste et objective de soi-même.

On développe l’acceptation de soi et l’autobienveillance afin de vivre en paix avec soi. Même quand j’échoue, je reste quelqu’un d’estimable. Cela ne veut pas dire ne pas essayer de s’améliorer ; mais il s’agit de le faire dans l’apaisement.

Et pour aller plus loin...se décentrer en portant attention aux autres

Notre société actuelle connait malheureusement une épidémie de narcissisme. Les sujets narcissiques n’ont pas une saine estime d’eux-mêmes; ils ont besoin qu’on reconnaisse leur supériorité (et de se sentir supérieur) et d’être admirés (et non acceptés).

L’hyper narcissisme et l’hypo narcissisme sont les deux faces d’une même médaille : une fragilité dans l’estime de soi.

Dans ces deux cas, ces personnes sont focalisées à l’excès sur elles-mêmes, se demandant sans cesse ce que les autres peuvent penser à leur propos.

Au contraire, chez les personnes ayant une saine estime de soi se retrouvent la capacité d’oubli de soi : lorsqu’elles s’engagent dans des interactions sociales, elles ne sont pas parasitées par des interrogations sur l’image que les autres ont d’elles, mais au contraire, peuvent s’intéresser librement aux autres.

Là où l’obsession de soi nous enferme, l’oubli de soi (préalablement sécurisé et pacifié) nous ouvre au monde.