CULTIVER LE DESIR ET COMBATTRE LA ROUTINE (partie 2)

28 mai 2020 par sosoduret@hotmail.com

(sophie duret psy aix les bains)

B// ALTERATION DU DESIR (PARTIE 2)

1/ LA COHABITATION

La cohabitation implique l’habitude et l’habitude atténue l’intensité des sentiments et du désir. Elle implique souvent :

–la banalisation de la relation : on connait trop le partenaire (ses gouts, ses réactions..) et quand il n’y a plus d’inconnu, il n’y a plus d’imprévisible, et donc plus d’attente ni de séduction. La routine, la certitude et la transparence génèrent l’ennui et dissolvent le plaisir.

–la banalisation des corps : lorsque le corps, dénudé, s’expose à vos yeux sans attention, sans intention, sans restriction et surtout sans que vous le souhaitiez à cet instant. D ‘autant plus que c’est le plus souvent pour les soins et les besoins. Rien d’érotique là-dedans.

Dans la cohabitation il faut préserver l’attirance. En ce qui concerne la nudité, il faut absolument en sauvegarder son pouvoir érogène. Evitons de nous comporter comme si l’autre était absent. Comme le dit très bien le Dr Gérard LELEU: “Ne livrons pas le nu à l’habitude et à l’indifférence qui en résulte. Réservons-le à la fêtes des corps.”

-les pièges du positionnement “papa-maman”. On ne désire pas sa mère ; on ne convoite pas son enfant. Attention aux rôles que vous prenez ou dans lesquels vous mettez votre partenaire. Et n’appelez jamais votre partenaire “papa” ou “maman”.

Face à ces banalisations : Sortir, aller danser sont de bons remèdes à la banalisation de la relation et à celle des corps. Sortez ! Ne restez pas confinés à la maison. Les “bonnes” sorties en l’occurrence sont celles où vous allez être séparés ; car le but est de vous voir d’un peu plus loin, de vous redécouvrir parmi les autres. La sortie rénove la relation car elle offre à chacun l’occasion de voir l’autre sous un angle différent. Cela réveille l’intérêt pour l’autre et par conséquent réveille le désir. Plus généralement, la sortie permet de nourrir notre désir de l’autre sexe et par ricochet, de notre conjoint. Ce bain de virilité ou de féminité nous imprègne à nouveau de l’envie du sexe opposé et nous en rend amoureux. Capitalisons ces précieuses émotions et au retour, transférons-les sur notre conjoint.

Rien ne vaut donc une sortie ou une soirée de danse pour ré-érotiser une relation et re-sexualiser les corps, en un mot, res-suciter le désir !

Donc si l’on évite les pièges que la cohabitation tend au désir, alors l’usure n’est pas inéluctable. En outre le mariage apporte une sécurité affective, une intimité et une complicité tout à fait propices à l’enrichissement érotique et au perfectionnement de l’art d’aimer. La confiance installée, la durée de la relation permet de connaitre les besoins et les préférences de l’autre, de chercher ce qui est érogène pour lui.

2/ LA MONOTONIE

Si le désir sexuel s’émousse au fil des ans, c’est que le plaisir n’est plus à la hauteur des aspirations.

Or ce qui affadit le plaisir, c’est la monotonie des relations sexuelles. Il existe une certaine pauvreté du sexe en Occident.

–Varier les activités érotiques : pour retrouver le désir, c’est à dire l’intérêt pour les activités sexuelles, il faut offrir des plaisirs valables et variés.

-Varier les heures et les lieux

-Tout est jeux : s’opposer à la routine, c’est entrer dans le jeu. Jeu de la transgression, jeu de séduction

–N’oubliez pas les sentiments : on ne peut envisager un acte érotique gratifiant sans un minimum de communication. Communication qui d’ailleurs est nécessaire tout le jour et pas seulement à l’orée des draps. “Les mots du jour préparent les chants de la nuit.

 

3/ LES INSATISFACTIONS sexuelles (liées aux dissymétries entre homme et femme)

A force d‘être insatisfait dans l’acte d’amour il est fatal que l’on n’ait plus envie de le pratiquer. Il faut rechercher les causes de cette insatisfaction, les causes liées au partenaire et à sa façon de faire.

-Dissymétrie1 : la survenue de l’orgasme (plus rapide chez l’homme)

-Dissymétrie 2 : la répétition de l’orgasme (la femme est pluri-orgasmique)

-Dissymétrie 3 : L’espace de l’amour : l’activité érotique de l’homme se réduit le plus souvent aux organes génitaux, tandis que chez la femme, elle concerne l’ensemble du corps. Ce que reproche ici la femme à l’homme, c’est d’aller droit au but et de lui imposer sa ”codification virile” de l’amour, le scénario stéréotypé “erection-pénétration-éjaculation”. Ce comportement rétrécit l’échange à la génitalité. La femme souhaite que le plaisir sorte du pré carré des muqueuses génitales et s‘agrandisse en une multitude de caresses de toute la peau, sur tout le corps.

-Dissymétrie 4 : la participation du psychisme (affectivité, fantasmes) au cours de l’activité sexuelle reste rudimentaire chez l’homme, alors que chez la femme l’émotion, le sentiment, le rêve occupent une part majeure dans l’épanouissement de l’éroticité.

La femme souhaite que son compagnon lui parle, l’écoute, la comprenne, la fasse rêver, qu’il réponde à ses attentes.

“Il y a de nombreuses variétés d’hommes frustrants :

  •     que le rapide ou l’impatient sache qu’un bouton de rose ne s’épanouit qu’en lui en donnant le temps et non à la force des doigts;
  •     Que l’égoïste qui n’écoute que son plaisir soit attentif à ce qu’attend sa compagne de jeu;
  •     que l’ignare qui croit connaitre, en projetant sa propre sexualité et ses propres besoins, regarde enfin comment fonctionne son équipière;
  •     Que l’impuissant, que l’éjaculateur précoce, aillent sans plus tarder, consulter.

Alors tous ceux-là verront s’élever chez leur compagne des flambées de plaisir qui enflammeront en retour leur propre plaisir.” (dans Le traité du Désir).

Mais il ne faudrait pas que la femme attende passivement que l’homme lui offre sur un plateau la clef de sa satisfaction. Si elle veut améliorer son bonheur érotique elle doit commencer par apprendre sa propre sexualité. Pour trop de femme, leur sexe est une cavité inconnue; de plus elles sont trop inhibées pour l’explorer. Pourtant il n’est qu’une façon de connaitre son intimité c’est de la regarder et de la découvrir à l’aide de ses doigts.

4/ DESIR ET RELATION

De la qualité de la relation entre les deux partenaires dépend le niveau du désir.

LES RESSEMBLANCES

Les ressemblances affectent autant le désir que les oppositions.

Au tout début ils se ressemblaient : mêmes gouts, mêmes intérêts, même conception de la vie. A vivre ensemble, ils se sont ressemblé de plus en plus. Dans cette situation, le désir ne peut que se déliter. Quand soi-même on n’existe plus distinctement on ne peut plus ressentir pleinement ses propres besoins; quand l’autre est devenu si semblable, on ne peut plus avoir envie de lui car le désir vient de la différence, du mystère qu’elle crée et des fantasmes qu’elle suscite.

-CASSER LE MIROIR : il leur faut d’une certaine manière redevenir des étrangers l’un par rapport à l’autre et chacun doit redevenir lui -même, et pour cela se concentrer sur ses sensations, passer des moments séparés, avoir une pièce à soi pour s’isoler etc..

LE MANQUE DE COMMUNICATION

Les non-dits, les émotions rentrées, les rancœurs et déceptions accumulées, les demandes retenues, les regrets entretenus, pourrissent la relation autant qu’ils émiettent le désir. Parfois le désir justement, peut être utilisé comme moyen de communiquer. Désir et non-désir peuvent être de redoutables façons de s’exprimer quand le dialogue n’existe pas.

-Il faut dire : sans accuser, sans reprocher; exprimer ses besoins, ses déceptions; confier ses peurs, ses faiblesses; être vrai, authentique.

LE MANQUE DE TENDRESSE

Le désir peut exister sans amour. Mais alors l’accouplement n’est qu’une masturbation réciproque. Le désir, dans ce qu’il a d’humanisé, a besoin pour s’épanouir et nourrir la relation d’un minimum d’affection et de complicité. La tendresse est le sésame du désir ; elle est aussi son amplificateur car l’amour multiplie le désir. Inversement, rien n’est pire pour lasser le désir que les reproches, les critiques, les rabrouements car ils fêlent la complicité et créent des rancœurs. Et dans le pire des cas, ils peuvent abimer l’estime de soi. Or il est difficile de désirer quelqu’un qui ne vous estime pas et vous fait vous mésestimer.

N’oubliez pas l’importance des compliments. Chaque être a besoin de reconnaissance, de manifestations extérieures qui le confortent dans son amour de soi. Bien sûr les compliments ne peuvent se limiter au lit, c’est tout le jour qu’il faut en faire. Retenez les qualités de votre partenaire et félicitez le.

 

5/ PAS LE TEMPS

Ceux qui négligent leur vie sexuelle se défendent le plus souvent en disant qu’ils n’ont pas le temps, qu’ils sont trop occupés. S’il est vrai que nos journées sont bien pleines, il est essentiel toutefois de réussir à y tailler du temps pour l’amour. Peut-être supprimer un soir la télé, internet, une sortie. Quelques heures d’échanges intimes sont plus important qu’un film, un diner ou un match.

Un des moyens les plus surs d’avoir du temps à consacrer à l’amour, c’est de le programmer, surtout quand on est très occupé. Sur votre agenda barrez donc à l’avance, chaque semaine, une soirée ou deux, une après-midi. Barrez de même un weekend par mois Dans les cases blanches ainsi aménagées, vous ferez ce qui vous semblera bon de faire à deux. Parler tout simplement, en buvant ou en dégustant des plats délicieux. Mais aussi se caresser, et se caresser seulement pour le plaisir de la peau. Et tout ce que vous voudrez qui exaltes vos corps et vos cœurs réunis. Vous pouvez improviser, inventer au fur et à mesure ou préparer le moment. Vous pourriez réaliser un scénario que l’un de vous aura imaginé et satisfaire ainsi ses besoins, ses envies, ses fantasmes. Ou opter pour un menu tout prêt : un livre d’érotisme et en suivre les étapes pas à pas et aller de découverte en découverte, de plaisir en plaisir.